La suspension de Jannik Sinner pour dopage a secoué le monde du tennis. Alors que le jeune prodige italien purge une peine de trois mois, son ex-préparateur physique Umberto Ferrara est sorti du silence dans une interview exclusive accordée à La Gazzetta dello Sport le 3 avril. Il y défend fermement son intégrité professionnelle et rejette toute responsabilité directe dans cette affaire qui divise le circuit.
Retour sur les faits : une contamination accidentelle ?
L’affaire a éclaté après la révélation d’un contrôle antidopage positif de Jannik Sinner, suite au tournoi d’Indian Wells. Le joueur, considéré comme l’un des grands espoirs du tennis mondial, a testé positif à une substance interdite présente dans un spray thérapeutique. C’est justement autour de ce produit que se cristallise l’attention.
Selon Umberto Ferrara, le spray en question était un traitement prescrit à titre personnel pour une pathologie chronique depuis plusieurs années : « Je l’utilise depuis des années, il m’a été prescrit par un spécialiste », explique-t-il à La Gazzetta dello Sport. Conscient de la substance interdite contenue dans le produit, Ferrara affirme l’avoir toujours manipulé prudemment et en avoir informé clairement Giacomo Naldi, le physiothérapeute de Sinner à l’époque.
« Je lui ai suggéré de l’utiliser pour une coupure, mais je lui ai dit de faire très attention : il ne devait surtout pas entrer en contact avec Jannik », insiste-t-il. Ferrara considère que la contamination de Sinner résulte d’une erreur humaine de Naldi, qui n’aurait pas pris les précautions nécessaires.
Des conséquences humaines et professionnelles importantes
L’image de Sinner, jusqu’alors irréprochable, a été ternie malgré la durée relativement courte de la suspension. L’impact émotionnel et médiatique a été lourd, tant pour le joueur que pour son entourage. Ferrara, lui aussi, paie le prix fort. Non seulement il a quitté le clan Sinner, mais il a aussi été contraint de se justifier publiquement face aux critiques.
« Avec le recul, il est facile de dire que je ne referais pas les mêmes choses. Assurément, je ne me fierais plus au comportement d’autrui », admet Ferrara, reconnaissant une forme de naïveté dans la gestion des responsabilités partagées. Le préparateur travaille désormais avec Matteo Berrettini, autre figure du tennis italien.
En analysant l’affaire, cette situation expose une faille dans les protocoles de gestion médicale et de l’entourage des joueurs. Dans un sport où chaque détail compte, la vigilance sur les produits utilisés autour des athlètes de haut niveau doit être totale. Une contamination, même involontaire, peut avoir des répercussions dévastatrices sur une carrière.
Sinner de retour à Rome, mais à quel prix ?
Le retour de Sinner à la compétition est prévu pour le Masters 1000 de Rome, en mai. Une occasion de repartir sur de bonnes bases, mais la pression sera immense. Le public, les sponsors, la presse : tous attendent des réponses, et surtout, un retour au plus haut niveau.
Cette affaire soulève aussi des questions sur la gestion des risques et les responsabilités partagées dans l’encadrement des joueurs professionnels. Peut-on exiger du staff une vigilance absolue ? Où commence et où s’arrête la responsabilité individuelle dans une équipe ? Le cas Sinner-Ferrara pourrait bien servir de jurisprudence en matière de dopage involontaire.
Alors que le tennis moderne mise sur la transparence et l’exemplarité, cette mésaventure rappelle, avec brutalité, à quel point un grain de sable peut enrayer une machine parfaitement huilée. Et combien l’humain, avec ses failles, reste au cœur du sport de haut niveau.