Alcaraz renverse Sinner dans une finale historique à Roland-Garros : retour sur un chef-d’œuvre

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par Léo Duvot

Sur le mythique Court Philippe-Chatrier, ce dimanche 9 juin 2024, le tennis a accouché d’un moment d’exception. Carlos Alcaraz, 22 ans, a réalisé l’un des plus grands come-backs de l’histoire de Roland-Garros en renversant Jannik Sinner après cinq heures et vingt-neuf minutes de duel acharné. Mené de deux sets dans une finale haletante, l’Espagnol s’est offert un second sacre parisien en cinq sets (4-6, 6-7 [4], 6-4, 7-6 [3], 7-6 [2]) et a ainsi prouvé, une fois encore, qu’il n’est pas seulement une étoile montante, mais bien l’un des rois actuels du circuit.

Une remontée d’anthologie et un nouveau chapitre dans l’histoire de Roland-Garros

Alcaraz avait déjà prouvé par le passé qu’il savait gérer les moments de tension. Mais cette finale marque une étape supérieure : il remonte un déficit de deux sets à zéro pour la première fois de sa carrière en Grand Chelem, alors qu’il n’avait encore jamais gagné dans une telle situation (0 victoire en 8 tentatives). Face à lui, le numéro un mondial Jannik Sinner semblait avoir le match bien en main après deux sets maîtrisés, combinant puissance en fond de court et précision chirurgicale.

Mais comme souvent chez les plus grands, c’est quand tout semble perdu qu’Alcaraz révèle sa vraie nature. Dans un combat d’une intensité rare — la plus longue finale jamais disputée à Roland-Garros (5h29) —, il a d’abord su hausser le ton physiquement. Contrairement à un Sinner en léger déclin à partir du troisième set, Alcaraz a semblé gagner en énergie, porté par une résilience mentale hors du commun. Il a notamment sauvé trois balles de match, tenant tête à l’Italien jusque dans les moindres recoins du tie-break du cinquième set.

Ce succès hors norme permet au protégé de Juan Carlos Ferrero de remporter son cinquième titre du Grand Chelem en autant de finales disputées — une statistique qui n’appartient qu’aux plus grands.

Un exploit dans l’ère Open, une page historique écrite par Alcaraz

En remportant Roland-Garros 2024 après avoir sauvé des balles de match, Carlos Alcaraz entre dans un club extrêmement fermé. Il devient seulement le troisième joueur de l’ère Open à réaliser un tel exploit en finale d’un Majeur, après Gaston Gaudio (Roland-Garros 2004) et Novak Djokovic (Wimbledon 2019).

Ce triomphe conforte son statut de phénomène. À 22 ans, il affiche déjà un palmarès d’une richesse stupéfiante, avec deux titres à Roland-Garros, un à l’US Open, un à Wimbledon et un à l’Open d’Australie. S’il continue sur cette lancée, il pourrait rapidement briguer le statut de prétendant au Grand Chelem calendaire, réussite que seul Rod Laver a accomplie dans l’ère Open (1969).

Plus encore, cette finale consacre un duel appelé à écrire l’avenir du tennis masculin. Face au jeu terrien d’Alcaraz, mêlant gifles liftées, amorties assassines et contre-pieds fulgurants, Sinner a proposé une résistance remarquable, avec un tennis de ligne épuré et méthodique. Si l’Italien a flanché dans les moments chauds, sa prestation a confirmé qu’il est bien l’un des leaders techniques de la nouvelle génération.

Quels enseignements pour le futur du tennis mondial ?

Cette finale épique à Roland-Garros est bien plus qu’un match de légende : c’est un symbole du passage de témoin entre générations. Alors que les Djokovic, Nadal ou Federer ne font plus l’actualité du haut niveau, Alcaraz et Sinner incarnent la nouvelle ère, déjà bien installée. Le public parisien, chauffé à blanc, a assisté à un bras de fer technico-tactique de très haut vol, révélateur de l’évolution stratégique du tennis moderne : plus de variété, de densité physique, d’anticipation.

Pour Alcaraz, ce titre confirme que la terre battue est son domaine de prédilection, mais surtout que mentalement, il est déjà prêt à dominer longtemps. Côté Sinner, si la déception est cruelle, ce revers pourrait aussi forger son caractère et enrichir son expérience sur la plus grande scène. Il reste le numéro un mondial et prouve qu’il faudra toujours compter sur lui.

Leur rivalité ne fait que commencer, et si cette finale en était une bande-annonce, le futur s’annonce brillant pour le tennis mondial.

Prochaine étape ? Wimbledon. Et le combat Alcaraz–Sinner promet déjà d’y prolonger la magie.

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