Alejandro Davidovich Fokina, actuel 19e mondial, ne mâche pas ses mots : à Toronto, ce n’est pas son match qui a agacé le joueur espagnol, mais bien son heure de programmation. Programmé à 11h du matin pour son 3e tour au Masters 1000 canadien face à Jakub Mensik, soit 90 minutes avant les autres rencontres, Davidovich Fokina dénonce une organisation « déconnectée de la réalité des joueurs ».
Une programmation controversée : le bien-être des joueurs en question
Récent finaliste à Washington, Davidovich Fokina ne s’attendait pas à devoir se lever à l’aube pour disputer un match aussi décisif. « Cela signifie que nous devons nous lever extrêmement tôt pour être prêts », a-t-il exprimé sur X (anciennement Twitter), soulignant que son hébergement se trouvait à une heure de route du court. Un facteur à ne pas négliger quand on considère la haute exigence physique du circuit ATP, la récupération musculaire et la concentration mentale indispensables pour performer à ce niveau.
L’argument avancé par l’ATP ? Des impératifs commerciaux, incluant la vente de billets et les droits TV. Mais pour le joueur, cela ne justifie pas un tel traitement, d’autant plus qu’aucun dialogue réel n’aurait été engagé avec lui ou son équipe. Cette décision réouvre une problématique de fond : les priorités de l’ATP penchent-elles trop en faveur du show business au détriment de la santé et de l’équité sportive ?
Une critique directe envers le système ATP : voix isolée ou contestation grandissante ?
Dans un message sans détour publié sur ses réseaux sociaux, Davidovich Fokina tire à boulets rouges sur l’ATP. « On nous promet des changements, mais rien ne se passe », a-t-il dénoncé, soulignant le manque de transparence dans les décisions logistiques. Sa colère va même plus loin, avec une phrase qui résonne comme un cri d’alarme : « Quand on est à l’intérieur, on réalise que ce n’est pas aussi beau qu’il y paraît. »
Cette prise de parole fait écho à des critiques récemment formulées par d’autres joueurs, notamment sur le volume de matchs, les déplacements incessants et l’absence réelle de concertation avec les athlètes lors de décisions cruciales. Si aucune déclaration officielle n’a encore été publiée par l’ATP en réponse directe aux propos de Davidovich Fokina, il devient évident que le fossé se creuse entre certaines figures du circuit et l’organisation centrale.
Devenu l’un des porte-parole malgré lui d’un malaise plus profond, le joueur espagnol offre ici une véritable tribune sur les conditions de travail des professionnels du tennis. Et derrière cette critique frontale se cache un enjeu stratégique évident : si l’ATP ne prend pas la mesure de ces revendications, elle pourrait se heurter à une fronde de plus en plus structurée.
Quel impact pour l’avenir du circuit ATP ?
Depuis le début des années 2020, la question du bien-être des athlètes est devenue centrale dans plusieurs disciplines sportives. Le tennis, en raison de son intensité, de ses voyages constants, et de la pression médiatique, n’échappe plus à ces problématiques. Les propos de Davidovich Fokina illustrent les tensions croissantes entre l’élite du circuit et les instances dirigeantes.
Faut-il repenser la programmation des matchs ? Mettre en place des procédures de consultation plus inclusives ? Difficile d’apporter une réponse immédiate, mais le débat est désormais posé. Et au-delà de ce coup de gueule, l’ATP serait bien inspirée de considérer plus sérieusement les retours de ses joueurs, sous peine de voir sa crédibilité sérieusement entamée à long terme.
Davidovich Fokina, de par son franc-parler et ses performances en constante progression, pourrait bien devenir une voix majeure au sein du vestiaire. En dénonçant publiquement les décisions qu’il estime injustes, il appelle à une réforme en profondeur — pour une ATP plus transparente, plus équitable, et surtout, plus à l’écoute de ceux qui rendent ce sport spectaculaire chaque semaine.