Après près d’un an d’absence, Alizé Cornet, figure emblématique du tennis féminin français, a créé la surprise en annonçant son retour sur le circuit WTA. Mais à la stupéfaction générale, la Niçoise a décidé de faire l’impasse sur Roland-Garros 2024, pourtant central dans sa carrière. Analyse d’un retour stratégique et d’un choix fort.
Un retour inattendu après une retraite annoncée
En mai 2023, Alizé Cornet disait adieu au tennis professionnel après sa défaite dès le premier tour à Roland-Garros. À 35 ans, l’ancienne 11e mondiale représentait une longévité rare sur le circuit, avec notamment un record de 65 participations consécutives en Grand Chelem. Mais alors que tout semblait indiquer qu’elle tournait définitivement la page, la tricolore a semé la surprise : elle rejoue.
Cornet a officialisé son retour sur les courts via les tournois WTA 125 de La Bisbal d’Emporda en Espagne et WTA 250 de Rouen, où elle a bénéficié d’une wild-card. Si elle est désormais 535e mondiale au classement WTA, son retour ne se veut pas simplement symbolique : « Je me sens encore capable de rivaliser et j’ai envie de jouer pour le plaisir, sans pression », a-t-elle confié aux médias à Rouen (source : conférence de presse d’après-match, WTA Rouen).
Roland-Garros 2024 : une absence délibérée
L’annonce de son retour a immédiatement provoqué une interrogation chez les fans : sera-t-elle présente à Roland-Garros ? La réponse est tombée, nette : non. Cornet a fait le choix de ne pas s’aligner à Paris cette année. Une décision d’autant plus surprenante que Roland-Garros a longtemps été une terre de prédilection pour elle, porte d’entrée de ses rêves d’enfant et théâtre de ses plus belles batailles.
Pourquoi ce choix ? La Niçoise privilégie une reprise progressive, en passant par des tournois moins médiatisés mais plus abordables physiquement. Elle envisage de relancer son niveau par les qualifications des WTA 1000 de Madrid et Rome. Un calendrier plus flexible qui pourrait réduire les risques de blessure et lui laisser le temps de retrouver la compétition à son rythme.
“Il ne s’agit pas de viser un résultat à tout prix, mais de me reconnecter avec le jeu. Roland représente trop d’émotion, trop d’attente. Cette année, ce n’est pas le moment”, aurait-elle expliqué selon plusieurs sources proches de son entourage, dont L’Équipe.
Quels enjeux pour la suite de sa carrière ?
Quel avenir pour Cornet ? Son retour interpelle autant qu’il fascine. Si elle ne semble pas chercher à grimper de nouveau au sommet du classement WTA, sa présence peut raviver l’intérêt du public français pour les tournois de moindre envergure. Son expérience et son style de jeu atypique en font une actrice singulière de ce début de saison sur terre battue.
Sportivement, elle aura fort à faire pour passer par les qualifications de Madrid et Rome, où la densité concurrentielle est élevée. Mais son sens tactique éprouvé, son mental toujours solide et une préparation ciblée pourraient lui permettre de créer la surprise.
Impact sur le tennis français féminin
Le retour d’Alizé Cornet soulève plus largement la question de la relève féminine française. Alors que Caroline Garcia peine à stabiliser ses performances et que peu de jeunes semblent prêtes à prendre le relais, la résurgence de Cornet rappelle la difficulté pour la France de produire des joueuses de haut niveau constantes.
Sa décision de ne pas disputer Roland-Garros, où elle aurait pu bénéficier d’une wild-card fédérale, pourrait ouvrir la voie à une jeune joueuse française. Un choix altruiste ? Peut-être. Mais surtout stratégique pour celle qui veut reprendre plaisir à jouer, sans pression inutile.
En somme, Alizé Cornet effectue un retour particulier : réfléchi, mesuré et à contre-pied du circuit traditionnel. Une démarche qui pourrait bien lui valoir, à nouveau, un soutien populaire fort — même sans passer par la Porte d’Auteuil.