Nouveau scandale pour le tennis tricolore, qui voit son image une fois de plus écornée par une affaire de corruption. L’Agence internationale pour l’intégrité du tennis (ITIA) a annoncé le vendredi 19 avril 2024 de lourdes sanctions à l’encontre de cinq joueurs français, impliqués dans des affaires de matchs truqués d’ampleur internationale. Cette affaire, liée au réseau du Belge Grigor Sargsyan, démantelé en 2023, est le signe que les pratiques frauduleuses touchent toutes les strates du tennis professionnel.
Une affaire tentaculaire : le système Sargsyan démantelé
Le nom de Grigor Sargsyan n’est pas inconnu du milieu. À la tête d’un réseau de corruption massivement implanté sur le circuit ITF et les tournois mineurs, ce Belge a manipulé des dizaines de rencontres pour en tirer des bénéfices grâce à des paris illégaux. En coopération avec plusieurs instances internationales, dont l’ITIA et Europol, ce réseau a été mis à jour en 2023 après une longue enquête. Les révélations qui en découlent ne cessent de secouer le monde du tennis.
Si les affaires de corruption avaient souvent concerné des joueurs de rang modeste, cette nouvelle vague de sanctions met en lumière des pratiques profondément enracinées. Les joueurs sanctionnés ne sont pas des têtes d’affiche, mais ils sont parfois proches du Top 500, exerçant sur le circuit secondaire, où les revenus sont précaires et les tentations plus grandes.
Des sanctions exemplaires pour cinq Français impliqués
Le cas le plus emblématique est celui de Yannick Thivant, 38 ans, ancien 590e mondial. Selon le communiqué de l’ITIA, il a truqué pas moins de 22 matchs entre 2017 et 2018. En conséquence, Thivant a été banni à vie de toute activité liée au tennis professionnel et devra s’acquitter d’une amende salée de 112 400 dollars. Ces faits d’une gravité extrême ont conduit le professeur Richard McLaren, en charge des investigations, à justifier la sévérité des peines : « Les faits dont [Thivant] est reconnu coupable requièrent les sanctions les plus sérieuses » (source : ITIA).
Les quatre autres joueurs concernés sont également lourdement punis :
– Thomas Brechemier, 28 ans, est suspendu jusqu’en 2032 (soit 8 ans) et écope d’une amende de 40 000 dollars.
– Gabriel Petit, 29 ans, écope d’une suspension jusqu’en 2031 et devra verser 35 000 dollars.
– Thomas Setodji, également âgé de 29 ans, est suspendu pour dix ans pour avoir arrangé trois matchs.
– Hugo Daubias, 28 ans, reçoit une suspension de deux ans.
Durant leurs suspensions, ces joueurs ne pourront ni participer à des tournois professionnels, ni entraîner, ni même officier en tant que spectateurs sur des compétitions supervisées par l’ATP, la WTA, l’ITF ou les fédérations nationales.
Un mal qui gangrène les niveaux inférieurs du tennis
Cette affaire n’est pas la première du genre, et elle illustre la vulnérabilité du tennis sur les circuits satellites, ATP Challenger et ITF. Avec des revenus très limités pour les joueurs classés au-delà du Top 300 mondial, la pression financière peut pousser certains à franchir la ligne rouge. Les dispositifs de surveillance ont été renforcés depuis une décennie, mais le volume massif de matchs rend difficile une prévention parfaite.
La France, souvent à l’honneur pour ses talents émergents, voit ici son image écornée, avec cinq golfeurs du tennis impliqués dans un scandale international. L’enjeu est désormais double : restaurer la confiance dans l’intégrité du circuit, et renforcer l’accompagnement des jeunes professionnels financièrement fragiles.
Vers un assainissement du jeu ?
L’ITIA, créée en 2021, multiplie les actions et les collaborations avec les fédérations internationales et les opérateurs de paris afin d’identifier les comportements suspects. Cette politique de tolérance zéro vise à assainir un sport menacé dans ses fondements mêmes : la crédibilité du résultat.
Si ce scandale est une nouvelle onde de choc pour le tennis tricolore, il peut aussi servir d’électrochoc pour accélérer la sécurisation du circuit professionnel, en particulier à ses marges. La lutte contre la corruption ne pourra être efficace qu’avec une meilleure répartition des revenus, un encadrement renforcé et une volonté commune des institutions.
Le sport blanc sort sali de cette affaire, mais montre aussi sa volonté de se régénérer. Une vigilance de tous les instants sera désormais nécessaire.