Après plus de cinq mois loin des courts, Dominic Thiem a officiellement dit stop. À 31 ans, l’ancien numéro 3 mondial met un terme à sa carrière professionnelle, hantée ces dernières saisons par des douleurs tenaces au poignet. Un choix affirmé, réfléchi, et porteur d’un message fort : savoir partir au bon moment, quand le corps dit non, mais que l’esprit reste en paix.
Une carrière flamboyante stoppée net par les blessures
Dominic Thiem a incarné pendant plusieurs années l’un des visages les plus prometteurs du tennis masculin. Vainqueur de l’US Open en 2020, finaliste à trois autres reprises en Grand Chelem (Roland-Garros 2018 et 2019, Australian Open 2020), l’Autrichien s’est hissé jusqu’à la 3ᵉ place mondiale en mars 2020. Capable de rivaliser sur toutes les surfaces avec les meilleurs, son jeu explosif et sa puissance en fond de court l’avaient rapidement imposé comme l’un des héritiers légitimes du « Big Three ».
Mais derrière cette fulgurante ascension, les blessures s’enchaînent. À partir de mi-2021, c’est le début d’une interminable descente. Le poignet droit, blessé lors du tournoi de Majorque en juin 2021, devient le talon d’Achille. Bien que revenu un temps sur le circuit en 2022, Thiem n’a jamais retrouvé la régularité ni les sensations qui faisaient sa force. Malgré les efforts et un retour sporadique en 2023, la douleur persistante le rattrape : « Je n’avais pas le bon feeling pour frapper la balle au bon endroit », a-t-il confié à Super Tennis.
Une décision mûrie, entre lucidité physique et paix intérieure
La fin de carrière de Dominic Thiem n’a rien d’un abandon précipité. Dans l’interview accordée à Super Tennis, le joueur se montre particulièrement lucide : « J’ai fait le bon choix », assume-t-il, sans détours. Le poignet, toujours sensible, l’empêche de rejouer régulièrement sans douleur. L’option d’une intervention chirurgicale a été envisagée — mais Thiem a décidé de l’éviter, privilégiant son bien-être à long terme.
Plus que les limites physiques, c’est la relation émotionnelle de l’homme au tennis qui marque ici un tournant. « Le tennis ne me manque pas », confie-t-il. Une remarque forte, surprenante venant d’un joueur qui a consacré plus de vingt ans à la discipline. Depuis qu’il a annoncé sa retraite, Thiem se recentre sur lui-même, savourant une vie plus calme en Autriche : « Je suis heureux d’être à la maison, d’avoir enfin passé un hiver dans le froid. » Un mode de vie apaisé, loin des avions, des tournois, des soins constants.
Quel héritage pour Dominic Thiem ?
Avec 17 titres ATP et une victoire en Grand Chelem, Dominic Thiem laisse derrière lui un palmarès honorable et l’image d’un travailleur acharné, humble et talentueux. Il restera dans les annales comme le premier joueur hors du Big Four (Federer, Nadal, Djokovic, Murray) à remporter un Majeur depuis sept ans, quand il décroche l’US Open en 2020.
Mais au-delà des titres, c’est son style qui a marqué les esprits : un revers à une main percutant, une couverture de terrain féroce et une adaptabilité rare. Son absence prolongée et sa retraite prématurée relancent le débat sur la longévité des carrières dans le tennis moderne, notamment avec l’intensification des saisons et la fragilité des articulations des joueurs puissants.
Et maintenant ?
S’il a déjà participé à une exhibition récemment, Thiem ne semble pas envisager de retour actif sous une autre forme. Coaching ? Média ? Fédérations ? Pour l’instant, le principal intéressé préfère savourer la quiétude retrouvée. Il ne ferme aucune porte, mais ne s’engage sur rien. Une chose est sûre : le tennis a perdu un compétiteur hors pair, mais gagné une voix respectée et lucide, dont les prochaines prises de parole seront scrutées avec attention.
Dans une ère où les transitions sont souvent douloureuses pour les sportifs de haut niveau, Dominic Thiem donne une leçon rare de maturité sportive. Il quitte le terrain sur ses propres termes, fidèle à ses valeurs. Un slam mental qui vaut bien des trophées.