En pleine ascension sur le circuit ATP, Ugo Humbert a vu son tournoi de Munich s’arrêter net jeudi, battu par le Hongrois Fabian Marozsan (6-4, 6-4). Mais derrière cette défaite au second tour de l’ATP 250 allemand, c’est une performance empreinte de bravoure qu’a livrée le Français, diminué par une fracture à la main droite. Deux doigts immobilisés, un mental d’acier, et une ténacité qui force le respect. Retour sur un match pas comme les autres.
Une main en souffrance, un cœur vaillant
Dès l’échauffement, le ton était donné : Ugo Humbert allait jouer avec un sérieux handicap. Touché à la main droite avec deux doigts bandés à la suite d’un traumatisme récent, le Messin a choisi d’entrer sur le court, bien décidé à défendre ses chances. « Il faut parfois avoir plus de cœur que de force », a-t-il semblé dire par ses gestes, même si lui-même ne s’est pas épanché médiatiquement sur sa blessure.
Face à Fabian Marozsan, classé 77e mondial mais capable de coups d’éclat redoutables (on se souvient de ses victoires sur Carlos Alcaraz à Rome ou encore Holger Rune), le défi était de taille — même en pleine possession de ses moyens. Humbert, actuellement 15e mondial et en excellente forme depuis le début de la saison, a tenté de faire valoir son statut, mais la douleur s’est vite imposée comme une barrière infranchissable.
Une opposition plus équilibrée qu’il n’y paraît
Dans le premier set, le Français a pourtant montré qu’il n’était pas venu faire de la figuration. Mené après un break, il est parvenu à revenir à 4-4, multipliant les prises d’initiatives et cherchant à écourter les échanges. Mais le Hongrois, très solide sur sa mise en jeu et chirurgical dans ses changements de rythme, a repris l’avantage immédiatement pour conclure le set (6-4).
Le second acte a lui aussi connu ses moments de tension. Humbert a obtenu une balle de 2-0 sur son service, avant de se faire breaker à 2-2. Jusque dans sa posture sur la chaise, où on l’a entendu chanter pour se remotiver, le Tricolore affichait une volonté intacte de se battre. Mais avec une main droite limitée, frappée par la douleur, même le tennis le plus courageux a ses limites.
Fabian Marozsan, opportuniste et dominateur dans les points importants, a profité de la situation pour rallier les quarts de finale, où il affrontera le Belge Zizou Bergs.
Quel avenir immédiat pour Humbert ?
Cette défaite, bien que logique au vu des circonstances, soulève tout de même la question de la gestion des risques pour Humbert. Le circuit ATP est impitoyable, enchaînant les tournois et exigeant un état physique optimal. Prendre le risque de jouer blessé peut vite compromettre une partie de la saison.
La tournée sur terre battue vient à peine de commencer et Roland-Garros (20 mai – 9 juin) approche à grands pas. Pour le joueur de 25 ans, ce sera une étape majeure, surtout à domicile. Un retour rapide à 100 % est donc primordial. Les prochaines semaines seront probablement décisives dans ses choix de tournois et de récupération.
En attendant, cette défaite à Munich ne doit pas masquer les progrès et la combativité du Lorrain. Premier Français au classement ATP, déjà vainqueur de deux titres cette saison (Marseille et Dubaï), Ugo Humbert franchit un cap en 2024. Son attitude à Munich, aussi téméraire soit-elle, symbolise bien cette nouvelle dynamique : celle d’un joueur prêt à braver les tempêtes physiques pour poursuivre son ascension.
L’impact sur le circuit et le calendrier français
La blessure d’un joueur comme Humbert n’est pas anodine pour le tennis français. Alors que la relève peine à s’imposer durablement dans le Top 30, son éclatant début de saison a redonné un souffle à la discipline hexagonale. Son absence — même momentanée — lors des épreuves préparatoires à Roland-Garros pourrait affecter sa préparation, mais aussi les espoirs de bon parcours dans le Grand Chelem parisien côté tricolore.
Au-delà de l’événement munichois, la question reste entière : fallait-il prendre le risque de disputer ce match avec une main fracturée ? Courage, témérité ou imprudence, chacun y trouvera son interprétation. Une chose est sûre : Ugo Humbert a marqué les esprits, non par son résultat, mais par son audace.