Harold Mayot à Madrid : une victoire en Masters 1000 teintée d’amertume et de vérités crues

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par Léo Duvot

Ce 24 avril à Madrid, Harold Mayot a inscrit son nom dans l’histoire du tennis français avec une première victoire sur le circuit des Masters 1000. Mais derrière ce succès, une réalité plus âpre se dessine. Celle d’un joueur talentueux, lucide et écorché, qui ne cache plus sa frustration face à l’environnement du tennis tricolore. Retour sur un coup d’éclat autant sportif que verbal.

Une première victoire en Masters 1000… sur abandon

Sur le papier, Harold Mayot a franchi une étape importante dans sa carrière en remportant son premier match dans un Masters 1000. Mais ce succès face à Corentin Moutet (6-3, 4-2, abandon) laisse une saveur étrange. Le Lorrain de 23 ans, actuellement 160e mondial, n’a pas réellement pu savourer. « Ce n’est jamais comme ça qu’on veut gagner », a-t-il confié en zone mixte (source : L’Équipe). Marqué par un début de saison difficile — des blessures et un manque cruel de rythme —, Mayot sait d’où il vient. Et il refuse de se laisser griser par un succès aussi inespéré que partiel.

Pourtant, cette performance confirme un processus de reconstruction en cours. Ancien numéro 1 mondial chez les juniors en 2020, Mayot n’a pas explosé aussi vite que certains de ses camarades. Mais il est toujours là, avec l’envie farouche de prouver sa valeur. Et ce Masters 1000 madrilène pourrait bien en être le déclencheur.

Un coup de gueule qui fait du bruit

Au-delà des lignes blanches, c’est surtout dans son discours que Harold Mayot a marqué les esprits. Visiblement agacé par une forme de désintérêt ou de critique omniprésente, il n’a pas mâché ses mots. « C’est très français de critiquer tout le temps… Les gens aiment voir les Français perdre », a-t-il lancé sans détour (source : zone mixte à Madrid, via dailysports.fr).

Mayot s’attaque à un mal profond : le manque de soutien des tribunes dès qu’un joueur français sort des sentiers battus ou qu’il ne réussit pas immédiatement. Il évoque aussi la pression médiatique électrique qui entoure les jeunes talents. « J’ai été numéro 1 mondial juniors, je n’ai pas percé comme les autres. Est-ce que ça fait de moi un branleur ? Non. » Des mots puissants, révélateurs d’un joueur qui refuse d’être résumé à une ligne du classement ATP.

Ses propos ont trouvé un écho dans une communauté parfois trop prompte à l’oubli. Et ils mettent en lumière une tension durable dans le tennis français : le décalage entre les attentes toujours plus fortes à l’égard des jeunes espoirs, et le peu de patience ou de bienveillance face à leurs trajectoires diverses.

Quel avenir pour Harold Mayot ?

Mayot affrontera au prochain tour l’Argentin Francisco Cerúndolo, tête de série numéro 20. Un défi énorme, mais aussi une chance de transformer cette victoire sur abandon en performance affirmée.

Cela dit, l’essentiel est peut-être ailleurs. En l’espace d’un jour, Harold Mayot a démontré deux choses : qu’il était capable de figurer sur un tableau de Masters 1000, et qu’il n’avait pas peur de ses convictions. Dans un circuit ATP de plus en plus concurrentiel et impitoyable, ces deux qualités pèsent lourd. À 23 ans, le Français n’est sans doute qu’au début de sa seconde vie tennistique, faite de maturité, de résilience et d’une parole assumée.

À une époque où les têtes d’affiche peinent à émerger dans l’Hexagone, cette déclaration d’indépendance à Madrid pourrait bien être une nouvelle promesse pour le tennis français.

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