Iga Swiatek a bien failli quitter prématurément le tournoi WTA 1000 de Madrid. Malmenée comme rarement sur terre battue, la numéro 2 mondiale a frôlé la correctionnelle face à une Madison Keys explosive. Menée d’un set, la Polonaise a su renverser la vapeur pour s’imposer au terme d’un match à deux visages (0-6, 6-3, 6-2). Retour sur une performance déroutante mais révélatrice à l’approche de Roland-Garros.
Une entame choc : Swiatek balayée en 24 minutes
On a rarement vu Iga Swiatek aussi dépassée sur sa surface fétiche. En seulement 24 minutes, la championne polonaise a encaissé un cinglant 6-0, son premier sur terre battue depuis Roland-Garros 2019. Domination sans appel, statistiques alarmantes : 11 % de points gagnés sur sa seconde balle, seulement 47 % de premières balles passées, et un jeu totalement désorganisé. En face, Madison Keys déroulait un tennis agressif quasi parfait : 91 % de ses points gagnés derrière sa première balle et une avalanche de coups gagnants en coup droit.
Swiatek, d’ordinaire si à l’aise dans la lecture du jeu sur ocre, semblait méconnaissable. Imprécise, en retard dans ses déplacements, elle subissait la cadence imposée par l’Américaine. Ce premier set confirmait que, même pour une quadruple lauréate de Roland-Garros, la terre battue n’offre aucune garantie sans intensité ni justesse tactique.
Un sursaut de championne pour inverser la tendance
C’est dans l’adversité que les grandes se révèlent. Et Swiatek n’a pas dérogé à la règle. De retour sur le court avec un tout autre visage, elle a rapidement retrouvé son schéma de jeu habituel : lourdeur des frappes, variété dans les zones et une concentration retrouvée. Résultat ? Une progression nette dans tous les compartiments du jeu : 67 % de points gagnés sur sa première balle, domination dans l’échange et gestion tactique à l’image d’une patronne du circuit.
Madison Keys, si tranchante dans le premier acte, a connu une baisse de régime logique. Avec 15 fautes directes dans le deuxième set, l’Américaine a offert bien trop d’opportunités à son adversaire, qui n’en demandait pas tant pour carburant à la confiance. Le momentum a changé de camp. Et si le score du deuxième set (6-3) laissait planer un soupçon d’équilibre, le dernier acte n’a laissé aucune place au doute. En 1h46 de jeu, Swiatek a plié l’affaire, s’imposant 0-6, 6-3, 6-2.
Quelle leçon retenir à l’approche de Roland-Garros ?
Ce match n’est pas qu’un simple quart de finale de WTA 1000. Il souligne la complexité du très haut niveau, même pour une joueuse aussi dominante que Swiatek sur terre battue. Sa capacité à inverser un match mal engagé témoigne d’une force mentale exceptionnelle – un atout qui fait souvent la différence dans les grands tournois. Néanmoins, son entame de rencontre interpelle. Face à des adversaires plus constantes que Keys, comme une Sabalenka ou une Rybakina, ce genre de passage à vide pourrait être fatal.
Elle affrontera en demi-finale Mirra Andreeva ou Coco Gauff, deux talents précoces mais aux styles très différents. À Swiatek de tirer les enseignements de cette victoire arrachée pour hausser son niveau. Garder la rigueur dès l’entame et s’imposer en patronne, voilà le prochain défi si elle veut défendre son titre madrilène… et viser un nouveau Roland-Garros.
Ce match face à Keys est peut-être un électrochoc bénéfique pour la Polonaise. Car si elle a montré qu’elle pouvait revenir de n’importe quelle situation, une mauvaise entame pourrait coûter cher, surtout à Paris.