Aryna Sabalenka réclame un changement majeur : vers plus d’équité salariale dans le tennis féminin

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par Léo Duvot

La numéro 1 mondiale Aryna Sabalenka ne mâche pas ses mots en cette saison 2025. Forte d’une année exceptionnelle sur les courts — avec une victoire éclatante à l’US Open, deux finales à Melbourne et Roland-Garros, et plus de 12 millions de dollars de gains — la Biélorusse utilise sa position dominante pour porter haut une revendication majeure : une meilleure rémunération pour les joueuses de tennis, en particulier lors des tournois du Grand Chelem.

Une prise de parole puissante pour secouer le circuit WTA

Alors que l’égalité hommes-femmes dans les prize money est souvent considérée comme « acquise » depuis les mesures progressistes prises notamment par Wimbledon (égalité des dotations hommes/femmes dès 2007), Aryna Sabalenka remet cette question brûlante au cœur du débat. Dans un entretien accordé à la BBC, elle déclare : « Les tournois du Grand Chelem représentent le summum de notre sport. Je leur demande simplement de venir à la table des négociations pour discuter et voir si nous pouvons trouver des solutions mutuellement avantageuses ».

Un appel qui montre que derrière les chiffres apparents d’équité, des disparités persistent. Car si les dotations des quatre Majeurs ont en effet été alignées, de nombreuses différences se font encore sentir à d’autres niveaux : primes supplémentaires, bonus de sponsoring, traitement médiatique — autant d’aspects dans lesquels les femmes restent souvent en retrait.

Sabalenka ne parle pas que pour elle : elle s’inscrit dans une démarche collective, portée par une quarantaine de joueuses et joueurs engagés pour réévaluer les conditions de rémunération sur l’ensemble du circuit. Une volonté affirmée de redéfinir les bases d’un système plus juste et équilibré.

Un enjeu stratégique pour l’avenir du tennis féminin

Pourquoi cette prise de position maintenant ? Parce que le tennis féminin, malgré ses étoiles montantes — Coco Gauff, Iga Świątek, Elena Rybakina ou encore Mirra Andreeva — reste confronté à des enjeux de visibilité et de valorisation. Les chiffres de l’US Open 2025 confirment cet engouement : la finale féminine, opposant Gauff à Sabalenka, a battu des records d’audience aux États-Unis. Et pourtant, dans l’ombre, les disparités économiques subsistent.

Sabalenka rappelle que la notoriété ne suffit pas. Elle souligne l’importance du dialogue entre les institutions (les directions des tournois du Grand Chelem, l’ATP, la WTA, mais aussi les sponsors et les médias) pour créer une dynamique économique qui valorise réellement les efforts et les performances des joueuses.

Il est aussi question d’assurer la pérennité des carrières. Si les stars du Top 10 peuvent vivre confortablement de leurs gains, ce n’est pas le cas de la majorité des joueuses du circuit, dont les revenus sont parfois trop instables pour garantir une carrière durable. Une meilleure répartition des dotations, des primes de performance et un soutien accru aux joueuses classées au-delà du Top 100 pourraient changer la donne.

Le poids du palmarès et la force du message

Ce qui donne encore plus de poids à sa déclaration, c’est l’année sportive qu’elle est en train de réaliser. Avec sa victoire à l’US Open 2025, Sabalenka affirme son statut de patronne du circuit. Elle totalise désormais plus de 42,5 millions de dollars en carrière (source : WTA), un palmarès et une crédibilité qui lui permettent de faire bouger les lignes.

L’histoire du tennis est marquée par ces figures engagées : de Billie Jean King à Venus Williams, les combats pour l’équité ne sont pas nouveaux. Aryna Sabalenka s’inscrit dans cette tradition de femmes puissantes, qui comprennent que la performance sur le court doit aussi s’accompagner d’un combat en dehors.

Quel avenir pour les réformes dans le tennis ?

Le message est passé. Reste à savoir si l’ITF, les organisateurs des tournois du Grand Chelem et les hautes instances du sport auront l’audace de répondre à cet appel. Une chose est sûre : en 2025, l’équité dans le tennis n’est plus seulement une question de chiffres, mais une question de vision. Sabalenka a lancé le débat, et celui-ci pourrait bien animer encore longtemps les coulisses du tennis mondial.

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