Monte-Carlo : Gasquet, 38 ans et toujours flamboyant sur le Rocher

Photo of author

par Léo Duvot

Richard Gasquet a une nouvelle fois prouvé qu’âge et passion peuvent coexister au plus haut niveau. À 38 ans, le Biterrois a signé un retour gagnant au Masters 1000 de Monte-Carlo en dominant le jeune Italien Matteo Arnaldi lors d’un match intense (6-3, 4-6, 6-4). Ce succès marque sa 609e victoire sur le circuit ATP, un chiffre vertigineux qui témoigne de sa longévité exceptionnelle.

Gasquet, éternel compétiteur sur la terre monégasque

Présent sur le circuit depuis plus de deux décennies, Richard Gasquet a reçu une wild-card bien méritée pour cette édition de Monte-Carlo, 23 ans après sa première victoire sur les courts de ce prestigieux tournoi. Cela suffisait à faire de sa présence un événement en soi, mais le Français a transformé l’hommage en performance. Face à Matteo Arnaldi, 40e mondial et considéré comme favori, Gasquet a livré un match rempli de justesse tactique et de nervosité maîtrisée, illustrant parfaitement son expérience.

Dans des conditions légèrement venteuses mais propices aux échanges rythmés, le Français a su prendre le dessus grâce à un break décisif dans la première manche et une résistance remarquable dans la troisième. Le moment clef du match ? Son service dans le début du troisième set, moment où il aurait pu céder, mais où il a serré le jeu. « J’ai réussi à bien jouer au bon moment, à ne pas me faire breaker au début du troisième set », a-t-il confié à L’Équipe à l’issue de la rencontre. Une lucidité qui témoigne de son sang-froid, et d’un mental encore affûté malgré les années.

Une victoire symbolique et un avenir encore ouvert

Cette victoire va bien au-delà du simple tableau d’un Masters 1000. Elle symbolise la persévérance d’un joueur attaché à son sport, qui accepte ses limites mais continue de repousser celles du temps. Lorsqu’il évoque les instants précédant le match, Gasquet admet une pointe d’émotion, voire de nervosité. « C’est bizarre. Tu te dis que c’est peut-être l’un de tes derniers matchs ici, et ça te fait quelque chose… Comme la première fois », a-t-il déclaré en conférence de presse, soulignant la charge émotionnelle de ce moment.

À 38 ans, Gasquet est aussi lucide qu’envie ayant : il sait que la fin approche, mais ne veut rien précipiter. « Je continue un peu dans ce tournoi, il m’en reste deux ou trois derrière. » Une déclaration qui laisse la porte ouverte à quelques coups d’éclat supplémentaires. Monte-Carlo n’est peut-être que l’avant-goût d’une tournée d’adieux en finesse… ou bien le signal que le Français n’est pas encore prêt à ranger sa raquette.

Ce succès rappelle aussi que certains joueurs, à l’instar de Feliciano López ou Tommy Robredo avant lui, ont su prolonger leur carrière tout en restant compétitifs sur des surfaces qui magnifient leur jeu. Monte-Carlo, avec sa lenteur et ses rebonds élevés, reste un théâtre favorable au jeu lifté et au toucher de balle exceptionnel de Gasquet.

Impact et héritage : ce que Gasquet continue d’apporter au tennis

Au-delà du résultat, c’est l’aura de Gasquet qui rejaillit sur le tournoi. En remportant sa 609e victoire ATP, un chiffre qui le place dans le top 10 des joueurs les plus victorieux encore en activité, le Français continue d’inspirer. Son revers à une main demeure un modèle technique et esthétique, et son attitude sur le court renforce l’image d’un athlète respectueux, passionné et profondément attaché à son métier.

Richard Gasquet, ce sont aussi 17 titres, trois demi-finales en Grand Chelem, et désormais, une longévité exemplaire. Alors qu’une nouvelle génération émerge avec Sinner, Alcaraz ou Rune, le vétéran français rappelle que rien ne remplace l’expérience et le plaisir de jouer. Et quand plaisir rime avec performance, le public, lui, est toujours prêt à saluer la légende.

Le Masters de Monte-Carlo 2024 restera peut-être comme l’un des derniers grands moments de Gasquet à ce niveau. Ou pas. Ce qui est sûr, c’est que Richard continue de faire vibrer les fans… et de déranger les plus jeunes sur le court. Et c’est bien ça, la magie du tennis.

Laisser un commentaire