Le tournoi de Monte-Carlo 2024 restera dans les mémoires, non pas pour un exploit retentissant, mais pour un adieu chargé d’émotion. Richard Gasquet, l’un des talents les plus brillants de sa génération, y a disputé son dernier match sur le Rocher. Le Français s’est incliné en trois sets face à l’Allemand Daniel Altmaier (7-5, 5-7, 6-2), dans un match symbolique plus que décisif.
Un dernier baroud d’honneur sur les terres de ses débuts
C’est un cycle qui se boucle. Il y a 23 ans, un tout jeune Richard Gasquet faisait ses débuts à Monte-Carlo, suscitant très tôt les espoirs du tennis français. Ce mercredi, sur le même court, il a tiré sa révérence. L’émotion était à son comble, aussi bien dans les tribunes que sur le court. Malgré une belle résistance, les jambes n’ont pas suivi face à Altmaier, bien plus fringant physiquement.
Le match, long de 2h30, a illustré une dernière fois la qualité de revers qui a fait la renommée de Gasquet. Mais au-delà du résultat, c’est l’hommage qu’il a reçu qui restera gravé : une cérémonie pleine de respect et l’inscription « Respect RG » griffonnée par son adversaire. Des marques rares sur le circuit, d’autant plus précieuses dans un tournoi aussi prestigieux que Monte-Carlo. « Peu de joueurs ont une cérémonie dans un tournoi aussi prestigieux », a déclaré Gasquet, les larmes aux yeux (source : conférence de presse officielle du tournoi).
Un physique à bout, une dernière tournée en pointillés
Gasquet, 38 ans, a tenu à terminer avec panache. Mais la lucidité est là : « Physiquement, c’est devenu trop difficile. Même si je fais encore des matches corrects, ça tire trop », a-t-il confié à la presse après la rencontre. Le corps ne suit plus, et le mental, même s’il reste combatif, n’efface pas la réalité physiologique. Ce constat ne ternit toutefois en rien l’extraordinaire longévité du Français.
La suite ? Quelques ultimes apparitions. Gasquet évoque notamment les tournois d’Aix-en-Provence et de Bordeaux, peut-être un détour par Madrid ou Rome. Mais l’objectif est clair : offrir un ultime baroud d’honneur à Roland-Garros. Un dernier Roland, possiblement son dernier tournoi professionnel, devant un public français qui l’a suivi dans les hauts comme dans les creux.
Gasquet symbolise une génération marquée par la quête d’héritiers à la trempe des Mousquetaires. S’il n’a jamais soulevé de trophée en Grand Chelem, son palmarès force le respect : plus de 580 victoires sur le circuit ATP, 16 titres, une demi-finale à Wimbledon (2007, 2015) et à l’US Open (2013), ainsi qu’une carrière parmi le Top 10 mondial à son apogée.
Un héritage technique et émotionnel fort
Ce que Richard Gasquet lègue au tennis français va au-delà des statistiques. Son revers à une main reste parmi les plus beaux gestes du circuit, salué même par ses pairs. Son intelligence tactique, sa constance dans l’effort et sa longévité font de lui un modèle pour les générations futures. De plus, son parcours, traversé de blessures mais aussi d’exploits, inspire.
Son départ marque aussi, symboliquement, le passage de relais. Comme il le résume si bien : « J’ai commencé avec Agassi et je finis avec Alcaraz. » Une déclaration empreinte de nostalgie mais aussi de lucidité sur le temps qui passe. Ce moment marque un tournant pour le tennis français, qui voit l’un de ses tauliers s’effacer pour laisser place à une nouvelle génération, qu’il espère voir briller.
Conclusion : Monte-Carlo, le théâtre d’un au revoir digne
Monte-Carlo n’aura pas été l’endroit d’un exploit sportif pour Gasquet, mais le théâtre d’un au revoir juste, digne et admiratif. Dans une époque où les adieux s’annoncent de plus en plus pour les grandes figures du circuit, celui de Richard Gasquet restera comme un instant de respect unanime. À quelques moments de son adieu définitif aux terrains, tous les regards se tournent désormais vers Roland-Garros, pour ce qui s’annonce comme la dernière balade d’un talent immense du tennis tricolore.