Billie Jean King Cup : le pari raté sur Alizé Cornet relance les questions sur l’avenir du tennis féminin français

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par Léo Duvot

Vendredi noir pour l’équipe de France en Billie Jean King Cup. Opposées à la Belgique, les Bleues ont connu une défaite douloureuse, synonyme de relégation en deuxième division jusqu’en 2027. Mais au-delà du score, c’est un choix stratégique particulier qui concentre aujourd’hui les regrets : celui d’aligner Alizé Cornet en simple, quelques mois après sa retraite. Un pari risqué qui n’a pas payé et qui laisse un goût amer au capitaine Julien Benneteau.

Un retour précipité pour Alizé Cornet dans une situation de crise

Lorsque Julien Benneteau a annoncé la titularisation d’Alizé Cornet en simple, beaucoup ont été surpris. L’ex-numéro 1 française avait mis un terme à sa carrière après Roland-Garros 2023, et n’avait pas disputé de match officiel depuis. Pourtant, c’est elle qui a été appelée en renfort pour affronter la Belgique, et plus précisément la prometteuse Jeline Vandromme, 17 ans.

Le contexte était tendu. L’équipe de France faisait face à une véritable hémorragie côté effectif, entre blessures (notamment de Diane Parry et Clara Burel) et manque de joueuses prêtes à assumer la pression d’un match décisif. « Aucune ne m’a dit : ‘Ça va tirer, mais je vais y aller’ », a confié Benneteau à L’Équipe après la rencontre.

Face à ce vide, Cornet est apparue comme une solution de dernier recours. Mais avec un manque de rythme évident et une adversaire pleine de fraîcheur, l’expérience n’a pas suffi. Battue sèchement par la jeune belge, Cornet n’a pas pu porter les Bleues vers le maintien.

Julien Benneteau lucide et déçu : un choix forcé plutôt que stratégique

Ce n’est pas tant la défaite en elle-même qui fait parler que la symbolique de ce choix. « Ce n’était pas à Alizé d’y aller en simple », a avoué Julien Benneteau (source : L’Équipe), exprimant une frustration palpable. Le capitaine ne remet pas en cause la combativité de Cornet, mais plutôt le contexte qui l’a poussée à jouer : un manque de profondeur inquiétant dans le vivier des joueuses de haut niveau prêtes à relever ce genre de défi.

Cette défaite sonne comme un signal d’alarme pour le tennis féminin tricolore. Entre des blessées récurrentes et des jeunes joueuses encore trop tendres, l’équipe de France semble orpheline d’un vrai leader sur le circuit, dans la lignée d’Amélie Mauresmo ou Marion Bartoli. Benneteau va devoir rebâtir sur des fondations fragiles, en espérant que l’échec de cette campagne déclenchera une prise de conscience à tous les niveaux – technique, physique, mais aussi mental.

Tennis féminin français : un mal récurrent mis en lumière

La Billie Jean King Cup n’est pas seulement une compétition. Elle est aussi un révélateur. Et ce revers face à la Belgique n’est que le reflet criant des difficultés structurelles du tennis féminin français. L’émergence de talents tarde, la continuité fait défaut, et les blessures freinent les rares espoirs naissants.

Julien Benneteau, malgré son implication sans faille, est confronté à un chantier de fond. Il lui faudra repenser la dynamique d’équipe, repérer les potentiels prometteurs plus tôt, et surtout, mettre en place un système de soutien qui permet aux jeunes joueuses de progresser rapidement tout en affrontant la pression des grands rendez-vous internationaux.

La relégation pour trois ans est une claque. Mais elle peut aussi être une opportunité. En s’appuyant sur l’expérience de joueuses comme Cornet, un travail de transition peut débuter. Reste à savoir si la fédération aura les moyens et la volonté de poser les bonnes fondations. Le tennis féminin français doit retrouver son souffle. Et vite.

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